Tu ne comprends pas pourquoi je suis épuisée
J’étais déjà épuisée avant, je suis toujours autant épuisée voir plus.
L’épuisement n’a pas disparu parce que nous sommes/ avons été à la maison tous les deux.
Je vois bien que tu ne comprends pas pourquoi je le suis.
Je vois bien que tu ne comprends pas pourquoi je suis à bout de souffle, que je puisse crier, que je puisse m’agacer aussi vite.
Je vois bien que tu ne comprends pas trop ce qui se passe en moi parce que peut-être alors tu entendrais tout ce que je te dis, tout ce que je te répète, toutes ces mêmes choses encore et encore.
Tu te vexes, tu ne me parles plus, tu me dis que je devrais te le dire mais c’est ce que je fais chaque jour.
La maison, les enfants, le rangement, l’éducation, les repas, et maintenant cette continuité pédagogique.
Ma façon de faire te dérange, ma façon de prendre les choses ne te convient pas, tu ne retrouves pas la femme avec qui tu t’es engagé il y a de cela quelques années.
Je te dis que je n’en peux plus, tu ne sais pas comment réagir, tu as l’impression que tu fais tout mal, mais ce n’est pas ça. C’est autre chose, c’est quelque chose de plus profond.
Quand je passe mon temps à tout penser, à tout faire, à te dire quoi faire.
Quand je passe mon temps à porter notre famille à bout de bras, à faire que chacun de vous puissiez être bien.
C’est ma mission, je vous aime, je vous aime tellement que je fais au mieux, que j’essaie de tout faire au mieux pour vous tous.
Mais je n’y arrive plus, je suis fatiguée avant même de faire.
J’aimerais te dire tout ce que je ressens, j’aimerais que tu entendes ce que je vis, mais quand je le fais, tu te braques, tu me dis ce que toi tu fais, tout ce que toi tu as déjà fait pour moi.
Tu me fais une liste de tous les faits accomplis. Tu as fait à manger dimanche midi, tu as joué avec nos enfants samedi après midi, tu as fait une lessive ce matin.
De quoi je me plains ?
Et on commence à compter les points.
Parfois, je suis en colère, je te trouve tellement injuste avec moi. Tu as la possibilité de t’aérer la tête sans avoir à penser de ce que vont manger les enfants, sans savoir si les devoirs sont faits, sans te préoccuper de ce dont on pourrait avoir besoin demain.
Tu ne te rends pas compte que si tu as cette possibilité-là c’est parce que c’est moi qui y pense, c’est moi qui vais faire ou te dire quoi faire.
Puis parfois, je te laisse gagner, je suis fatiguée, tu as raison tu fais et tu es toi aussi fatigué de ta journée, de ton travail, de vivre dans cette ambiance électrique. Je ne contredis pas, mais je crois que nous ne nous comprenons pas.
Je t’aime, et je suis lasse de nos conflits, je t’aime, mais je n’y arrive plus.
Je t’aime et j’aimerais que tu te rendes comptes que pour moi aussi c’est dur, et que ce n’est pas contre toi que je le dis.
Tu le prends comme un appel à l’aide, tu es perdu face à cette requête, tu me dis que tu ne sais pas ce que tu attends de moi, que tu as l’impression de ne pas faire les choses assez bien. Que je regarde tout, que je contrôle, que je me fâche pour rien. Que tu ne sais pas quoi faire toi non plus.
Je t’aime, et je crois bien que toi comme moi, nous sommes épuisés, l’un et l’autre épuisés

